Le dispositif du permis de louer a pour objectif de lutter contre l’habitat indécent et les pratiques abusives. Mais son efficacité dépend étroitement du respect des obligations par l’ensemble des bailleurs. L’analyse récente menée en Isère met en évidence un déséquilibre préoccupant entre les particuliers et les professionnels de l’immobilier.
L’étude des dossiers déposés révèle que 345 logements ont fait l’objet d’une demande de permis de louer.
Parmi eux, environ 75 % proviennent d’agents immobiliers, alors que ces derniers ne représentent qu’environ 40 % du parc locatif privé. Les 60 % restants sont gérés directement par des bailleurs particuliers.
En extrapolant ces données, on estime que 387 logements sont gérés par des particuliers sur un total d’environ 645 logements concernés.
Or, seuls 25 % des dossiers ont été déposés par ces bailleurs, ce qui révèle qu’environ 78 % d’entre eux ne respectent pas l’obligation réglementaire — soit près de trois bailleurs sur quatre.
Ce constat souligne un enjeu majeur de conformité et de contrôle. Il met en lumière le sérieux déficit de respect des obligations réglementaires parmi les bailleurs non professionnels, à l’inverse des acteurs accompagnés par des agences immobilières adhérentes FNAIM.
Ainsi, dans sa configuration actuelle, le dispositif montre une efficacité limitée pour lutter contre le mal-logement, l’habitat indécent ou insalubre, et les pratiques des marchands de sommeil.
Une réflexion sur le renforcement des contrôles et des sanctions à l’égard des particuliers apparaît nécessaire, afin d’améliorer les résultats du dispositif.
Des propositions concrètes seront d’ailleurs présentées prochainement dans le cadre d’une concertation.
Les professionnels de l’immobilier, globalement respectueux de la procédure, signalent toutefois un manque de discernement dans certaines demandes de travaux.
Plusieurs remarques concernent la présence résiduelle de plomb sur des éléments extérieurs tels que les rambardes de balcons, les volets extérieurs… des éléments qui relèvent souvent des parties communes en copropriété, et non de la responsabilité directe du bailleur.
Les acteurs du secteur appellent à une clarification des responsabilités entre parties privatives et communes, ainsi qu’à une évaluation plus nuancée des situations pour éviter les rejets injustifiés et les doubles demandes.
Afin de fluidifier la gestion des logements fréquemment reloués, plusieurs pistes d’amélioration sont proposées :
Ces ajustements viseraient à simplifier les démarches sans compromettre l’objectif de qualité du parc locatif.
Le permis de louer constitue un outil essentiel de lutte contre l’habitat indigne, mais son efficacité repose sur une application équitable et adaptée.
Mieux cibler les contrôles, simplifier les procédures et renforcer la sensibilisation des particuliers permettraient de rendre ce dispositif plus juste, plus pragmatique et plus opérationnel.
La FNAIM de l’Isère reste mobilisée pour contribuer à cette réflexion collective et accompagner les acteurs du territoire dans la professionnalisation de la gestion locative au service d’un logement de qualité pour tous.